Dans
un article précédent, nous avons vu que la technologie 2.0
avait le pouvoir incroyable de réunir un public autour d'un projet
ou d'une idée. Dans cet article, j'aimerais vous parler de la
naissance d'un rassemblement humain d'un nouveau genre : les
flashmobs. Ça ne vous dit rien? Bon, bon...tentons une explication.
Flashmob, gné ?
Ce
nom bizarre issu de l'anglais peut se traduire par l'expression
« foule éclair » ou « mobilisation
éclair », en français. Pour ceux qui sont passés à côté
du phénomène, une flashmob c'est « le rassemblement d’un
groupe de personnes dans un lieu public pour y effectuer des actions
convenues d’avance, avant de se disperser rapidement. »
Ce qu'oublie de nous dire notre vieux copain Wikipédia
c'est que ce type d'action s'organise très souvent via le web 2.0, à
travers les différents réseaux sociaux que nous connaissons bien,
comme Facebook ou Twitter.
Prévenus
de l'heure, du lieu et de la nature du rassemblement, des dizaines,
voir des centaines de participants, de tout âge et qui ne se
connaissent pas, se retrouvent, spontanément et gratuitement, pour
effectuer un scénario chronométré et décalé dans un endroit très
fréquenté (magasin,
grand place, gare...). L'effet de surprise doit être garanti, c'est
pourquoi la communication autour de l’événement est discrète et
les informations données au goutte à goutte. Les
flashmobs sont ensuite filmées et diffusées à la pelle sur
Youtube, au point de devenir un véritable sous-genre de la webvidéo.
Mais d’où vient cette chose absurde ?
Howard Rheingold en 2007 |
C'est vrai ça,
ça vient d’où les flashmobs? Nées avec les nouvelles
technologies, elles sont une application festive et légère du
concept de smart mobs (foules intelligentes) élaboré par Howard
Rheingold, pionnier du web 2.0 et des technologies de l'information.
Son interview est disponible ici.
Débutant en 2003 aux Etats-Unis sous l'impulsion d'un groupe
new-yorkais nommé « Mob Project », le virus
flashmob s'est ensuite propagé à grande vitesse en Asie, puis à
travers l'Europe, jusqu'à bousculer la tranquillité de nos petites
villes suisses...
Quels scénarios ?
Ils peuvent
être de différentes sortes. En réalité tout est permis,
gymnastique urbaine, cris d'oiseaux, festival de bisous, pourvue que
l'idée soit forte, originale ou poétique.
Quelques
exemples assez communs...
La Flashmob
danse: tout le monde se retrouve pour s'éclater sur une musique
avec une chorégraphie postée sur le net et préalablement préparée.
Le Freeze :
les participants restent figés, à un signal donné, pendant un
court laps de temps, formant ainsi un tableau humain vivant. Puis
chacun reprend sa route comme si de rien n'était.
Le Pillow Flat : comme
son nom l'indique, il s'agit d'une bataille de coussins en pleine
rue.
....et
un peu moins
Le
No pants Day :
un jour par année, dans plusieurs villes à travers le monde, des
milliers de personnes enlèvent leur pantalon dans le métro. Cette
idée saugrenue a été élaborée par Improv Everywhere
Ne
se revendiquant pas des flashmobs mais se basant sur le même
principe d'action, le slogan de ce collectif est "we cause
scenes" que l'on peut traduire par "nous causons des
scènes" (oui, pas trop compliquée la traduction, je sais). Et
leurs actions sont d'ailleurs plutôt spectaculaires et amusantes à
voir.
Une petite sélection maison...
Flashmob
danse dans la gare centrale d’Anvers en Belgique
hj
« No pants Day » à New York, le 8 janvier 2012, plus de 4000 participants
ccc
...dont deux exemples à Lausanne
Pillow fight 2011
gh
Reportage
sur le Freeze de 2008
hj
Euh oui, c'est bien joli, mais ça sert à quoi ?
Ah
oui, bonne question... disons que les avis sont multiples. Pour
certains, les flashmobs n'ont aucun objectif précis à part celui
d'être un événement festif et convivial, un peu comme une
performance artistique, ouverte à tous ! Et tant mieux !
D'autres leur cherchent un sens philosophique profond... Enfin, certains
réactionnaires voient ces manifestations comme des rassemblements
« à la con » qui ne mènent à rien. Et vous, vous en
pensez quoi ? Les flashmobs sont souvent injustement menées...
allons à leur défense...
Depuis
qu'elles existent, ces mobilisations spectaculaires viennent
questionner l'espace public urbain et ses pratiques. Au delà du
plaisir de se rassembler, du fun et de la dimension artistique et
rafraîchissante qu'elles proposent, les flashmobs ont aussi une
fonction
perturbatrice
(dans le bon sens du terme, oui oui !) Envahissant galeries
marchandes, parcs communaux ou gares centrales, dans des milliers de
villes dans le monde, elles viennent semer le trouble, durant un court
laps de temps et emmènent le spectateur dans une 4e
dimension.
Par cette initiative, le citoyen participant, créateur d'un moment
loufoque, arrête le quotidien et court-circuite les déplacements
routiniers des passants. C'est la spontanéité
dans toute sa splendeur, souvent impossible sur l'espace public, qui
est soudainement exprimée ! Libérateur non ?
Tout
est permis dans une flashmob, on se donne en spectacle pour divertir,
faire, réfléchir et parfois même défier les lois existantes, un
pied de nez aux conventions, à l'image du « No pants Day » à
travers le monde!
En
réalité, les flashmobs d'aujourd'hui se rapprochent de l'action
provocatrice et spontanée de la fin des années 60, une période
marquée par une radicalisation de la profession de l'animation
socioculturelle et par l'élaboration d'une contre-culture
permettant l'expression et l'émancipation des minorités dans
l'espace public : théâtre de rue, créations collectives picturales
sur différents thèmes, notamment politiques. Dans les années 80,
des mouvements visant à lutter contre l'homophobie mettent en place
des kiss-in. Ces manifestations qui consistent à s'embrasser dans la
rue permettent aux homosexuels de s'afficher
publiquement
et de rompre avec la clandestinité à laquelle on les avait habitués.
Plus d'info ici.
Bien
entendu, les flashmobs actuelles n'ont pas forcement de message ou de
cause à soutenir, mais elles soulèvent et mettent en avant un
phénomène sociétal : le
besoin d'émancipation et de reconnaissance du
public, des idées particulièrement défendues par l'animation
socioculturelle.
Si
on les considère comme des créations partagées, les flashmobs ont
le mérite de questionner la démocratie
culturelle.
Ouvertes aux non-professionels, elles permettent à chacun de
s'impliquer dans des pratiques artistiques, autrement qu'en rôle de
spectateur. L'espace public devient alors une scène, à la portée de tous.
Enfin,
comme le soulève le journaliste
Mathieu Laviolette-Slanka
«
toutes ces flashmobs révèlent une envie d'être ensemble aux
antipodes de l'individualisme et du nombrilisme ambiants ».
Dans
une société de consommation ou le culte de l'ego est religion, ces
manifestations rafraîchissantes mettent en avant l'intérêt
collectif et
la
participation sociale. Tiens,
moi ça me rappelle quelque chose tout ça !
Depuis
peu, les flashmobs ont été investies par les associations qui
cherchent à faire passer leur message par des opérations «coup
de poing ». Ci-dessous, un scénario inquiétant, organisé à Zürich à l'initiative de GreenPeace. Le but était
de sensibiliser la population aux risques du nucléaire. A midi
quinze, une centaine d'activistes ont fait mine de s'effondrer dans
différents endroits de la ville, simulant ainsi une catastrophe
nucléaire.
Et l'animateur dans tout ça?
Depuis
la nuit des temps, les hommes ont exprimé le besoin de se réunir,
afin de mettre en place différentes formes d'action collective dans
l'espace public : pour le plaisir de se retrouver, pour surprendre ou
pour défendre une cause. Prenant ces racines dans l'éducation
populaire, l'animation a toujours porté et soutenu ces mouvements,
en encourageant l'expression créative et politique de groupes dans
l'espace social. En quelque sorte, la culture des flashmobs est une
application actuelle de ces pratiques... La spécificité de ces
mobilisations réside dans le fait qu'elles sont presque
intégralement organisées sur Internet. Via les plateformes 2.0, les
organisateurs, souvent anonymes, réunissent un public, envoient des
consignes, puis diffusent la vidéo de la flashmob, dans le but de
provoquer un maximum d'e-motion chez les internautes.
Évidemment,
tous les animateurs n'organisent pas des flashmobs, mais l'ampleur de
ces événements nous montre l'incroyable puissance mobilisatrice du
web 2.0 et l'intelligence collective qu'il est possible de faire
émerger des tréfonds de nos cerveaux reptiliens.
Les
nouvelles technologies de l'information sont donc un élément à
prendre en compte, une évolution sociale de taille, que l'animateur
n'a ABSOLUMENT PAS LE DROIT D'IGNORER dans le monde dans lequel nous
vivons.
LE TRAVAILLEUR SOCIAL 2.0
Dans
le prochain article, vous aurez la chance de découvrir un animateur
super méga cool, fervent utilisateur du web 2.0 dans son quotidien
... Mais Chut....c'est encore confidentiel !
Article signé M@rie-Laure
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Sources et références utiles:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Flash_mob
http://flashmob.info/fr/
http://www.evene.fr/celebre/actualite/flashmob-liverpool-chicago-britney-bab-2385.php
http://www.transfert.net/a9068
http://www.youtube.com/watch?v=Nljmf5GoTqM
Illustrations:
http://flashmob.info/fr/happening/flashmob-a-montauban/
http://www.scoop.it/t/l-atelier-numerique?page=4
http://fr.wikipedia.org/wiki/Howard_Rheingold
http://www.mudd-club.fr/funk-the-power-with-winston-smith-and-m-mow/?p=410
http://info.france2.fr/france/6e-journee-mondiale-contre-l-homophobie-63083758.html
http://zouk-dubai.com/?p=1479
http://teecraze.com/flash-mob-t-shirt/
excellent la flashmob "FREEZE" à lausanne ! j'adhère.
RépondreSupprimerL.
Haha clair, j'essaierai de participé la prochaine fois
RépondreSupprimerML.